Amnésie de la Reconnaissance-1

Publié le par 2L

1.Introduction

                         a.  De la Reconnaissance  

 L’insoutenable légèreté de l’être

 Ce manquement de la compréhension et cette difficulté de l’identification des choses font que l’individu se cherche sur une architecture de dérivation, une autre structure de substitution. Dès lors qu’il entreprend dans la voie de l’acceptation, il la sépare alors que l’autre se prépare au profit.

 Comment se reconnaît-il sinon que de se voir tel qu’il est et tel qu’il pourrait être. Cette confrontation au travers d’un filtre ne lui laisse rarement le choix de dissocier le réel, c’est-à-dire le concret, du possible par le rêve. En effet son attachement à ne définir que le « soi » en termes d’unicité lui donne la jouissance de s’approprier le pouvoir de ses satisfactions intimes. Il perçoit le maître de son esclave et inversement. Ce dialogue de l’interpénétration permet au maître d’être reconnu dans la perspective que lui-même ne reconnaît pas l’autre et que ce dernier se prétend être confronté dans le même paysage au fur et à mesure que son existence en promiscuité le lui accorde.

 Le regard d’autrui ne fait qu’embellir un Ego rempli d’autosatisfaction dont les voies d’accession induit la capacité à laminer son prochain par des moyens illogiques. C’est ainsi qu’on ne peut accepter la maîtrise et la servitude. Il faut se défaire de la servitude en premier lieur pour s’introduire par effraction dans l’accaparement de la maîtrise. Et ce, par la destruction de ce qui existe ou de celui ou de ceux qui existent : l’exemple de Slobodan Milosevic en est plus qu’une caricature. Il esquivait dans son esprit de son vivant, les contours du clone de Tito, le père spirituel de l’ancienne Yougoslavie. Il eut aimé se « piédestaliser » en adoubant tous les retors du communisme acharné, afin de constituer pour l’avenir une allégorie de l’histoire de ce pays. La prison, la maladie et la mort lui ont réservé un strapontin du cinéma de quartier.

 L’Ego ne fait qu’enfler au fil des jours en se procurant tous les archétypes nocifs et désarticulés, cette chose qui ressemble à une barbarie larvée. Une identification à cette chose qui montre son existence dans le regard de l’autre non par mimétisme mais le plus souvent par narcissisme, pour la renommée, la gloriole, le pouvoir et la réputation. Et comme relevait Paul Ricoeur le philosophe « C’est une des fausses pistes de la reconnaissance que d’exister dans la renommée ».

 L’Ego ne peut vivre que dans un esprit de confrontation perpétuelle n’accueillant jamais l’autre en tant qu’élément du pluralisme intellectuel, social et moral. Ce rapport de forces est la base du totalitarisme, un repli sur soi décadent et vertigineux dans l’absurde.

Que Hannah Arendt disait : « Il n’y a pas d’état de l’humanité qui ne soit pluralité (genres, cultures, religions)….de chance de parvenir jamais à une humanité unanime ».

L’Ego n’aura guère de reconnaissance mutuelle, cette absence rébarbative et ingrate, ne peut louer que des esprits incongrus, toujours incapables de se trouver à la place de l’autre pour mieux apprécier le différentiel qui puisse apporter le bon en avant de l’homme. Mais se projeter dans la peau de l’autre est un exercice plus que périlleux. C’est la foire à la chance, tout ne peut être l’autre, le pire côtoie le bon ou peut-être le meilleur sans que le normal y soit pour quelque chose dans la répartition des seuils de compréhension.

Ce que répète Paul Ricoeur : « ce qui constitue une donnée absolument permanente, c’est l’altérité : aucune subjectivité ne se réalise sans l’appui, l’aide ou l’opposition d’une autre subjectivité ».

                                 b.  De l’Amnésie

L’Amnésie est une perte de mémoire partielle ou totale, passagère ou définitive, transitoire ou irréversible.

De l’amnésie médicale, l’on constate que se profile dans notre société hautement médiatisée le syndrome de l’amnésie voulue, disposée à effacer les évènements récents, précis, à mémoriser les situations douloureuses que d’autres ont manifesté par leur charité, leur prévenance, leur contribution et leur affection.

C’est la situation de l’irréversibilité des êtres à ne pas reconnaître le bien que le prochain leur a insufflé dans les pires moments de leur vie. Ceux-là, opportunistes, de tout crin, ne suivent que la pente de la nébuleuse descente aux enfers des mécréants.

Pourquoi cette amnésie voulue alors que tout permet à chacun de nous d’être protégé dans les normes d’une société de justice et de partage. Si une minorité adhère à cette vie de la sagesse, tant d’autres, en meutes soucieuses de barbarie et d’autocratie, s’activent à rendre la vie de groupe en esclavage moderne avec des sillons moyenâgeux. La course au pouvoir incite à jeter sur le chemin l’anathème sur toute bienséance de la droiture que prédomine une société égocentrique, individuelle, chauvine et insatisfaite. On patine vers le scepticisme pour développer le sentiment négatif du mépris. Et ce sentiment du mépris, contenu le dans le  subconscient, repousse l’autre si par grand désarroi, on s’aperçoit que l’autre ne porte pas les mêmes attributs de sa morale, de ses actions, de ses travers. La route est souvent facilitée par l’efficace médiatisation qui trouve dans ses dérives, et la satisfaction de ses propres provocations, ainsi que la nécessité de toucher un grand nombre de lecteurs, et le plaisir de s’octroyer les mannes de sa survie.

 On délaisse les voies dites de la sagesse pour se tourner vers la négation des chemins usurpés et vers le rationalisme du complot. Là, le banditisme se vêt d’un costume trois-pièces avec des chaussures bi-colorées et un chapeau noir feutré. Déjà, se parer de cette vêture papillonnante donne un sens à l’absolutisme et au despotisme.

L’amnésie de la reconnaissance commence par l’oubli de l’altruisme d’autrui, du samaritain qui a su partager le chaud et son humanité. Le revers c’est l’indignité à tourner la veste tant à la bienveillance, à l’indulgence et à la compassion. De cette façon, l’inventaire de l’héritage génétique est compromis : il se gonfle de parvenus indigents, soutenus le plus souvent par de subtiles aisances de la société qui tirent en seconde main les marrons du feu de la délinquance. Ici, l’usurier patenté vide les titres ravageurs en fixant les médailles à l’imposteur pour lui caresser le croupion, gage de l’usufruit par impotence signée. 

Combien se sont attribués ou volés des places, des titres, des fortunes, une fois installés dans la bergerie du châtelain ? Ce pays applaudit l’usurpateur à partir du moment où il détrousse le riche. Le fait d’épargner quelques kopecks limite l’objectivité du produit gagné : celui-ci est toujours catalogué dans le livre des supposés usuriers. Dans ce pays, être pauvre semble convenir à la notion d’égalité et de fraternité. C’est la politique de nivellement par le bas. Une belle conception de la réussite. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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