La Justice et son Miroir - Outreau : Outrage à la Dignité Humaine

Publié le par Un Oublié

 

 OUTREAU : Outrage à la Dignité Humaine 

Devant ce miroir qu’est l’écran du poste de télévision, voir ce juge, les doigts longs, le regard perdu, hagard, penaud, songeur, comme ces détenus de la prison d’Abou Ghraib d’Irak, apeurés, attendant la sentence suprême sans penser aux atroces tortures déjà encourues, c’est toute la honte d’un pays qui jette en pâture ce triptyque de ses fondements suspendus et gravés sur le fronton des hôtels de ville : « Liberté, Egalité, Fraternité ».

Mais le juge est au courant, l’habitude de son travail, l’immensité de son pouvoir, celui qui dicte la vie ou la mort de ceux qui sont contenus dans les dossiers classés en numéros chronologiques, c’est le bras séculaire de l’ange vengeur et exterminateur de tous ceux pour qui il a décidé de poursuivre comme au temps des barons sanguinaires de Moldavie.

Arrogant durant deux années d’instruction, le voici comme ces pauvres clébards qu’on vient de lâcher dans les chenils de la SPA après une mémorable poursuite. Mais non, le juge n’était pas de ceux-là, il était tout, l’unique, l’imperturbable, l’impénétrable, le linceul immaculé, celui qui dirigeait, qui refusait l’aide d’une de ses consoeurs, il avait à coeur ce dossier, la notoriété en prime, il voulait contrer l’attaque des allemands en l’an 16 en envoyant dans le bourbier de la Marne des milliers de jeunes innocents à l’abattoir sous les canons bien disposés de l’ennemi sur la « Colline aux Fourmis ». Et non content de voir ses fantassins se faire étriper comme de vulgaires gibiers d’eau douce, il était le Général MIREAU, général de l’offensive à l’époque, qui ordonnait qu’on tirât sur ses propres troupes sous prétexte de « lâcheté » constatée par lui-même sur ces dernières. Près de deux mille soldats avaient été fusillés, plus tard, pour « l’exemple, au motif fallacieux de «  lâcheté devant l’ennemi ». Il a tout simplement monnayé la vie de cette innocente jeunesse, bonne chair à saucisse marinée dans la boue de l’est en compensation de la future remise de quelques médailles auréolées de glorioles d’assassins. Il savait aussi que la France était assez lâche pour ne pas essayer d’exorciser le mal et la détresse qu’elle a soudoyés par le sacrifice de ses enfants. Il a fallu qu’un immense et courageux cinéaste américain – Stanley Kubrick – pour stigmatiser cette infamie de l’histoire du pays de la Liberté. Et pour le remercier, la France n’a pas trouvé mieux que de censurer son film « Les Sentiers de la Gloire », sorti en 1957, et ce, pendant 18 ans ! Qui doit porter le foulard de la Honte ?

Le juge était celui-là ……… ce général de la grande armée française ! Un satrape de l’armée de César.

Etonnant ce juge qui prétendait pouvoir tout faire mais ne pas avoir à tout dire sous le seul prétexte qu’il était « tenu par le secret professionnel et par un devoir de réserve » ! De la part d’un juge qui a passé de nombreuses années en études à décortiquer le moindre aléa des potentiels accusés, le moindre mot de travers, sa fonction ne réservait aucun « devoir de réserve » mais une « obligation de réserve ». La différence est de taille. Il en est de même entre la présomption d’accusation et le doute : un juge a-t-il le droit régalien de se méprendre quant au « devoir » et à l’ « obligation » ….surtout quand il s’agit d’accuser formellement un citoyen ?

Ici le technicien du Droit rejoint le technicien de la Guerre qu’était le général MIREAU de la « Colline aux Fourmis ».

Méditons simplement ce passage des Mémoires d’Outre-tombe de Chateaubriand que « la Justice est si sacrée, (que) elle semble si nécessaire au succès des affaires, que ceux-là mêmes qui la foulent au pied prétendent n’agir que d’après ses principes » ?

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