Déliquescence -- Le Déni de la Différence : la Dignité
7. Le Déni de la Différence : la Dignité
Un supporteur du PSG a été tué par balle, tandis qu’un autre blessé …. Par la même balle semble-t-il ? Depuis c’est la confusion avec des enquêtes en tous genres, des points de vue des avocats, de la police, des présidents de clubs de football et de supporteurs. Ajouté à cette confusion, le report du match avec pour les uns, une mauvaise affaire, et pour les autres, devinez … c’est une bonne affaire avec la sécurité en prime …. Et on en passe des meilleures!
Dans l’affaire, il y a eu mort d’homme : ce qui faisait dire au président de la ligue de Football, suite à la manifestation du club des supporteurs d’un des leurs, décédé : « je suis satisfait de cette manifestation, elle a été faite dans le calme, avec beaucoup de dignité » !!!! Fichtre, quelle analyse frisant le bon sens.
Revenons en arrière, faisons du flash back, comme diraient les cinéastes. Au début ils étaient une quinzaine à vouloir faire la peau d’un supporteur israélien, juif par acquis de conscience. Ils sont devenus près de trois cents en l’espace de deux minutes, le temps d’actionner la bague du zoom de la caméra. Mais voilà qu’arrive un policier en tenue civile qui essaie de jouer au shérif pour tenter de convaincre les assaillants, qui vociféraient des injures de toutes sortes, de ne pas jouer aux mauvais vachers de la ferme d’en face, comme dans les westerns des années 50. Bien leur en a pris, les vachers de fortune sont devenus antisémites galérant sur des propos racistes pour s’étirer nette, une tronche comme à la sortie du sein de leur mère, en voyant un flingue pointé dans leur direction par le policier qui ne rigole plus devant la tournure et le tournage de la scène. Car, lui, le policier, qui a souvent vu John Wayne cartonner les mal polis, au faciès burinés de sable chaud et de vertes pelouses, lui, le flic qui arrive à temps, se met à chatouiller la gâchette qui n’attend plus qu’on lui mette le doigt dans sa cambrure. Il n’a fait qu’un seul bruit, semble-t-il, et voilà que deux intrus se retrouvent sur la chaussée.
C’est une histoire propre à cette société dite avancée qui s’engloutit dans le nauséabond, non par fatalité, mais par incompréhension, voire même par imbécillité tout simplement. C’est la chevauchée des aliénés de la démocratie, la péréquation de l’absurdité, la société de mépris et du mépris de l’autre.
Au lendemain de ce fait divers, divers parce que c’est acceptable de cumuler les faits et gestes, les tartuffes de la poésie des écritures s’en sont donnés à cœur joie, jetant l’essence sur le feu afin que les acteurs d’hier continuent leur invincible bêtise, louvoyant les arguments de ceux qui ont vu quelques scènes et larmoyant les arguties de ceux qui copulent en voyeurs patentés. Les titres des journaux font les choux gras de la vindicte, donnant aux plus délurés, de minables poltrons quant ils sont esseulés, les moyens de l’injure manifeste, et jetant sur d’autres l’opprobre des marchands de frics des fins de semaine.
Ces titres qui enflamment trop aisément, comme leur mauvais papier d’ailleurs, stigmatisent le policier noir et le supporteur juif. Pourquoi noir et pourquoi juif ? Serait-ce un moyen de donner une plus grande valeur au racisme et à l’antisémitisme ? A moins que les couleurs de leur sang ne viennent donner à la peinture l’allégorie de l’art du fauvisme. Dirait-on leurs origines si le flic était breton et le supporteur alsacien ? Ou alors en sarcasmes n’étaient-ils tout simplement que français ? Ce désordre des pseudos intellectuels, scribouillards scabreux, attriste une société déjà en déliquescence et qui devient la risée du monde …. Des écrivailleurs qui n’ont que l’éthique de l’information comme victuailles de leur survie. Ils passent leurs moments de détente à chiffonner les pans fragiles de cette société, afin qu’elle disparaisse au plus tôt dans le caniveau de leur ressentiment moralisateur. Et depuis dix jours, la disparition d’un homme n’a aucun sens sinon qu’un noir a défendu la kipa d’un juif, face à l’invasion outrancière que d’aucuns abreuvent de barbarisme non contenu. Quel sens du communautarisme exacerbé ? Des discussions forcenées font de ces donneurs de leçons, des pitres encore plus pitoyables. Jusqu’au point où l’on est allé chercher et trouver dans la vie du policier des relents peu reluisants avec la justice. Quelle bronca a-t-on entendu de ces crécelles en mal de voix ? Mais alors, est-il interdit à un humain d’être à la fois délinquant et repenti ? Le catholicisme a inventé le confessionnal, chantre déversoir de toutes calamités afin que la communion soit exaucée. Mais alors, où étaient ce soir-là, les Robin des Bois purs et sans saveurs de cette société, pour venir en aide à ce démuni. Il faut avoir le courage de jeter un œil dans les trains de banlieue, boxons des usagers qui se font détrousser par des voyous à la sauvette. Un geste courageux vaut largement les larcins empêtrés avec la justice. La repentance a souvent un bon goût devant les grenouilles de bénitiers ? Merci pour les leçons de morale.
De là à piédestaliser la dignité comme l’exutoire de la bonne conscience, c’est outrageusement insulter le bon sens de l’humanisme. Exploiter la dignité comme au temps de l’esclavage reviendrait à embobiner le commun des mortels au même titre que de tendre un piège à de pauvres poulardes d’élevage. L’exploiter à posteriori, une fois que le drame est consumé, c’est une feinte de mauvais footballeur. Si cette société prônait le respect comme codicille de la simple fraternité, la dignité serait le geste appliqué avant le drame, avec l’intelligence et le bon sens en plus. Que l’on accorde pas à la repentance les alibis du regret : c’est ainsi que le confessionnal permet aux délinquants de se soustraire aux pires punitions par quelques ave rédempteurs. Les bonimenteurs de la bonne conscience qui, après avoir purgé des peines conséquentes, effaçant les outrages commis, se considèrent comme le blanc de la mémoire par cette gouaille hypocrite : « je ne dois plus rien, j’en ai assez payé à la société !». Avec l’argent du contribuable en toute dignité. Jusqu'à la prochaine fois …
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